L’Isle-en-Dodon. Le paradis n’est pas ce qu’on croit

Entre mélange et nuances, la Cie Kiroul invitée par Pronomade(s) s’en est donné à cœur joie. Avec une dizaine de « stagiaires », des Commingeois volontaires pour participer au spectacle, les comédiens ont fait rire, bien sûr, c’était le but du jeu, mais ils ont aussi tiré droit au but sur d’indéracinables défauts de notre société. Ne serait-ce que la dure réalité du paradis, « nous sommes sept, bloqués sur les années 80 », ou le témoignage de cette pleureuse sur son fauteuil roulant mais heureusement, le moniteur est là pour assurer les séances bien-être : « l’essentiel, c’est de respirer ». Et il le faut quand tout le monde chante et gambade sur la place ! On parle aussi des particularités, des contraintes de genre, des femmes toujours malmenées, des vieux… n’ont-ils pas le droit d’exister, eux aussi ? La danse du vieil homme dans sa robe rouge est un moment d’une telle émotion, Dante lui-même n’y avait pas pensé. Entre les scènes cocasses tels l’alignement des stagiaires ou les irruptions du clochard et les manifs à grands coups de banderoles, entre l’alcool de l’un et la sénilité de l’autre, c’est l’absurde délirant qui sert de lien. Alors, autant en rire sur fond d’Hymne à la Joie. Les spectateurs sont appelés à se lever, deux fillettes entrent dans la danse, « il reste quelques îlots de joie dans notre espace de vie ». C’était « Jours » par la Compagnie Kiroul à L’Isle-en-Dodon.