L’Isle et ses faiseurs d’Histoire

Rugby XV – Amateurs

Tout le peuple l'Islois s'est déplacé, dimanche, à Pézenas pour soutenir une belle équipe./Photo DDM.
Tout le peuple l’Islois s’est déplacé, dimanche, à Pézenas pour soutenir une belle équipe./Photo DDM.

Une arrivée de bouclier, ça se prépare. On peut même ménager ses effets. C’est ce qu’on a choisi de faire avec malice à l’Isle- en- Dodon. Après deux passages à vide du bus devant la halle aux grains où s’étaient réunies plus de 600 personnes dont bon nombre s’étaient déplacés, dans l’après-midi, à Pézenas pour assister à la finale victorieuse (et donc au doublé historique) des ciels et blancs, le bouclier est arrivé le plus simplement du monde à pied, tendu par des bras encore énergiques et annoncé par le trompette du capitaine Guillaume Arcidet.

Alors la foule s’est écartée en deux pour laisser passer les vainqueurs du jour, les héros, les faiseurs d’Histoire, les enfants du pays. Il y avait de la joie, un bonheur infini mais surtout une fierté réciproquer et palpable entre les joueurs et le peuple l’Islois. Comme une osmose, une identité forte qu’on connaissait mais qui éclatait au grand jour. Après les joueurs, chacun tentait de prendre place, en jouant un peu des épaules, dans un espace qui finalement est parvenu à contenir tout le monde. La fête pouvait commencer. Jojo Grindes et sa bande servaient les demis, la musique balançait et Paul Sénac pouvait faire admirer ses pas de danse. Une maman de joueur, sortie quelques instants plus tôt du car des supporters résumait «On a bu, on a mangé, on a chanté. Nous ne nous sommes même pas aperçus qu’il y avait des bouchons à Narbonne. Demain matin, ce sera plus dur… Mais ce n’est pas grave, ce sera de la bonne fatigue !».

Oui, tout un peuple était derrière 23 l’Islois sur le pré. Dans l’après-midi et dans la nuit. C’est tous ensemble qu’ils ont ruiné les espérances Alpines. «On n’a jamais été trop en danger. Certes nous nous sommes fait passer deux fois, mais la défense a su ensuite fermer les portes. D’ailleurs, au cours de ces phases finales, nous n’avons concédé que 3 essais. C’est aussi une de nos forces. Mais nos avions la main mise. Nous marquons sur un groupé pénétrant ; mais nous marquons aussi un bel essai sur 5 temps de jeu. Après… je ne suis plus quoi dire sur le match. Ce qui nous arrive est fabuleux» notait sobrement Olivier Charlas. Alors ? Place à la fête… Ils attendaient ça depuis tellement longtemps !


Fiers d’être l’Islois «Je suis heureux !»

Michel Cothin en avait les yeux qui brillaient de joie. En attendant le retour des guerriers, il discutait avec Christophe Lafforgue en évoquant «l’aboutissement de 10 ans de travail». Le technicien de Lombez-Samatan lui, s’avouait «impressionné par la maîtrise l’Isloise». Mais finalement, de match, personne n’en parlait. Chacun était sur d’autres sphères. À commencer par Vincent Despis, l’un des coprésidents. Une banane à la place de la bouche, il s’enthousiasmait «Ici, on est humbles et on le restera. Mais p… On est la meilleure équipe de France !». Gaby Charlas, son alter ego à la présidence, ne trouvait pas les mots «Je suis comblé pour ce très bon groupe. Je suis fier d’eux et fier pour l’Isle». Plus loin, les joueurs. Pendant que Gaëtan Marrou, l’autre poutre du pack et Damien Sottom débattaient sur la paternité exacte du déblayage ayant entraîné un carton jaune, Olivier Charlas savourait, la voix encore claire. «Je ne me rends pas bien compte, ce que je sais, c’est que je suis heureux. Un doublé, c’est tellement dur à obtenir». Il pense un instant à Florent Zanandréa qui arrête sur un si beau succès. Un petit silence et de reprendre «On m’a dit qu’avec le groupe que nous avions, il fallait absolument avoir des résultats. Ce sont de fins observateurs de la chose rugbystique». Pas loin, son capitaine Guillaume Arcidet dit les choses autrement «On ne serait pas là sans Florent et Olivier, sans ces deux mecs qui ont su nous y amener. Il a fallu cravacher, bosser dur tout au long de la saison. On a pris des coups de pied au c…, ça n’a pas toujours fait plaisir. Quand j’entends que c’est normal qu’on ait fait le doublé… non, ce n’est pas normal !». Et de poursuivre «Je suis fier pour les gars, pour tout ce groupe de 30 joueurs, pour les Samatanais qui nous ont rejoints». Gaëtan Marrou, toujours pas d’accord avec Damien Sottom, se marre en se tenant les côtes «On est cassés, on ne pourra pas jouer dimanche prochain. Mais ce n’est pas très grave je crois». Le mot de la fin pour Jacques Boubée, le secrétaire du club, sous sa moustache blanche, qui résume le mieux le sentiment ambiant : «C’est une journée extraordinaire !»